Séquence quatre: mise en perspective des oeuvres.
Thèmes :
1. l'injustice et égoïsme
Les trois œuvres dénoncent l’injustice. Mise en évidence des effets de l’injustice : guerre, crimes, désordre, haine, vengeance misère.
Eschyle : le cycle de la violence et de la vengeance
ð « quand la terre nourricière a bu le sang, il se fige sans s'écouler » (les Choéphores, vers 22 à 77).
ð Les malédictions des Erinyes qui appellent à la vengeance : « il sortira [de la terre] une lèpre mortelle à la feuille, mortelle à l'enfant, qui, s'abattant sur le sol, imprimera sur la terre des tâches fatales aux mortels » les Euménides vers 774 825
L'appel à la vengeance est un appel au désordre et ne contribue pas à rétablir l'ordre juste. Les passions humaines sont destructrices et menacent l'ordre politique.
Steinbeck chapitre cinq expropriations des métayers par les grands propriétaires terriens au service du système capitaliste. C'est la loi du profit marchand. Les propriétaires s’inventent un « monstres » pages 49. Le voisin qui vient détruire la maison a intégré ce discours dominant qui renforce l'égoïsme et rompt avec tout sentiment de solidarité : « c'est il juste que les autres meurent de faim ? » Il répond : « je peux pas m'arrêter à penser à ça. Faut que je pense à mes gosses. C’est comme ça maintenant. On n'y peut rien. » Page 55 -- 56
Pascal : le tyran légitimise ses caprices par la force mais il fait passer son injustice pour de la justice à l'aide de discours mensongers.
Eschyle les Erinyes justifient l a vengeance en se réclamant du respect de la loi fixée par le destin : « quel mortel ne se sent pas saisi de respect et de crainte, quand il entend la loi que ma fixer le destin ? » (Les Euménides, vers 383 à 423)
Ainsi l'injustice procède d'un désordre qui se fait passer pour juste. Ce désordre vise à satisfaire les passions, la démesure, la concupiscence du « moi » qui est le tyran de tous les autres. Ainsi chacun se rend esclave de son amour-propre et perd le sens de la justice :
Pascal : le moi « est injuste en soi en ce qu’il se fait le centre de tout » fragments 597. Ce sont ces passions qui condamnent l'homme à l'erreur et auxquelles la justice doit mettre un frein.
2. Le règne de l'injustice et de la violence
Steinbeck : le rejet des okies, page 287 ; « nous ne voulons pas voir le dernier okies s'installer ici. » p.299
« c'est pas des être humain ces gens-là, moi je te le dis. Jamais un être humain ne supporterait une crasse et une misère pareille. Is ne valent pas beaucoup mieux que des chimpanzés. »p309 = absence de pitié
Eschyle : la haine déchire les familles : « je connais la haine de ceux qui devraient nous aimer » c'est les Choéphores vers 234.Oreste déteste sa mère : « une mère [qu'il a] le droit de détester » vers 241. Le cauchemar de Clytemnestre donc un serpent tête le sein. = perversion monstrueuse la figure maternelle. Images de la violence de Clytemnestre qui mutile le cadavre d'Agamemnon (vers 140). Isotopie du sang Choéphores vers 25 : le sort laissé sur les jours des lettres. Le sont répandus sur les marches du palais à l'endroit du crime comme une trace indélébile. «averses de sang » que Choéphores vers 400, « flots », Choéphores vers 933. « sang horrible » du coule des yeux des Erinyes Choéphores vers 1058. Le sang du porc dont Oreste s’inonde pour la purification de ses crimes : Euménides 450.
« Oui, nombreux sont les terrifiants,/les terribles fléaux que la terre nourrit,/et dans le giron de la mère,/les monstrueux ennemis des mortels » Choéphores vers 585 à 590 .
3. Injustice et nature
Steinbeck : contraste entre les vertes collines de Californie et sécheresse, poussière,déluge. Une nature qui détruit tout et qui pousse les hommes à partir. Fatalité . exemple : le nuage de poussière s'insinue partout : la poussière s'insinue partout comme la mort : page 9 » l'air saturé de poussière assourdit les sons plus complètement encore que la brume. Les gens couchés dans leur lit entendirent le vent s'arrêter. Il s'est les guerres lorsque le vent hurleur se tut » plus loin « et l'autre se leva, mais non le jour. Dans le ciel gris, un soleil rouge apparut, [...] Le crépuscule redevenait ténèbres et le vent hurlait et gémissait sur le maïs couché. ». Dérèglement cosmique du déluge à la fin du roman. Apocalypse, monde qui symbolise le châtiment pour toutes les injustices commises au nom de la loi du profit .
Eschyle : nuit permanente : « O foyer de pure affliction,/effondrement de ce palais./repoussant le soleil, odieuses aux mortels,/l'ombre recouvre de son voile/les maisons dont le maître est mort. » Les Choéphores, vers 49 à 53. - le désordre humain rejaillit sur l'ordre du cosmos : le soleil ne touche plus le palais car le maître de ce palais a été assassiné . Le désordre de la nature réfléchit le désordre des comportements humains.
4. Force et justice
Pascal « la justice est sujette à dispute. La force très reconnaissable et sans dispute. » fragment 103
Steinbeck : la police corrompue, l'expulsion des Joad p.298-299 ; les machines agricoles, le tracteur qui vient écraser les maisons des métayers. Pouvoir et violence. Les sociétés modernes ont recours aux machines qui rendent obsolète l'ordre archaïque des communautés traditionnelles : « il n'y a pas grande différence entre ce tracteur et un tank» p.211. La logique rationnelle du profit rend la violence légitime.
Eschyle : la justice procède d'une logique de l'équité et non plus d’une logique de vengeance archaïque. Athéna institue un tribunal, l'aréopage qui devra faire « appel aux témoignages et aux preuves » les Euménides, vers 460 à 507. La force doit donc se mettre au service de la justice : Pascal « la justice sans la force est impuissante » fragment 103. Mais il précise aussi « la force sans la justice est tyrannique. La justice en force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants, la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force. » Fragment 103 la justice obéit pour Pascal à une dialectique : justice et force ne peuvent se passer l'une de l'autre ni s'exclure . La justice pour lui repose sur la force mais la force seule s'oppose au droit. La force devient un ordre juste par la coutume qui la légitimise. En ce sens ce n'est plus une force brute
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