Séance Bilan : mise en perspective des trois œuvres
Problématique
–Constat de l’injustice - l’impossible justice - le projet de justice = combat pour faire naître ou instituer une justice (révolte, syndicalisme et camp d’état dans Steinbeck, institution du tribunal avec mission chez Eschyle, chez Pascal devoir de justice qui se réalise grâce à la théorie politique des ordres de justice. ) = perspective interrogée par les œuvres. Il ya t'il une justice possible ici bas ou seulement un idéal de justice vers lequel tendre ? Peut-on affirmer comme Baranès que « la justice est une obligation impossible » ?
- I - - D’où vient le sentiment du juste et de l’injuste ?=> pas de justice sans conscience
Eschyle | Pascal | Steinbeck |
La justice confiée aux hommes dans l'Orestie est placée sous la protection tutélaire d'Athéna qui reste une instance qui s'apparente à un idéal de justice. | Dans cette perspective Pascal explique l'absolue nécessité d'une justice incarnée dans une institution incontestable et incontestée à défaut de quoi la paix civile est menacée | Dans Steinbeck l'homme est absolument livré lui-même, sans transcendance ni référence à une justice idéale. Le Pasteur lui-même ne croit plus en Dieu. Conception nihiliste qui abandonne l'homme à lui-même. Dans ce monde sans Dieu et sans idéal de justice, c'est la force seule qui s'impose, la force au service d’elle-même, la force au service de l'injustice Nous sommes peut-être dans le roman de Steinbeck plongés dans un univers où chacun est en guerre contre chacun de façon anarchique et chaotique. Là où Eschyle termine sa pièce sur l'espoir d'une société où règne la justice confiée aux hommes, Steinbeck dresse le tableau d'une société dans laquelle triomphe l'injustice et qui s'apparente à la fin du roman au chaos duquel Eschyle a fait naître la justice. Steinbeck semble affirmer l'échec de la justice positiviste dès lors que la force est au seul service de l'intérêt personnel et privé et que l'État ne garantit plus une force régulatrice.. Steinbeck propose une lecture pessimiste de la justice voire même de la condition humaine. |
II – Sous quelle instance la justice est-elle placée ? La conscience hésite entre penser l'homme lui-même comme source du juste et de l'injuste ou bien attribuer le juste et l'injuste à une loi du monde
A -Le positivisme juridique ♥ théorie qui affirme que ce qui est juste est conforme au droit
« jus naturaliste » ♥ théories du droit naturel, c'est-à-dire n'est pas juste de ce qui est conforme au droit, c'est le droit qui doit être conforme à ce qui est juste, il a donc une justice au-dessus de droit ( cf. Antigone de Sophocle) : il y a du juste et de l'injuste de façon absolue, en soi.
Difficultés pour penser la loi divine : la loi divine n'est pas simplement la loi de la nature car dans la nature pure il n'y a pas en soi de justice. Il faut qu'à l'intérieur de la nature il y ait une instance qui institue du juste et de l'injuste. Si bien que l'on ne peut pas parler de la nature de façon univoque. Quand les animaux se dévorent entre eux, on ne trouve pas injuste mais naturel ; cela ne correspond pas à du désordre. On introduit un jugement qui dualise, c'est la conscience ♥ . Ce sentiment du juste est une interprétation du monde par lequel j'oppose ce qui est violent à ce qui est paisible Ce passage de l'harmonie à la violence transgresse un ordre qui n'existe que parce que je le pense comme ordre. Le jugement fait un retour aux choses en leur attribuant de la rectitude. Mais ce sentiment est un jugement subjectif que je légitimise par une loi supérieure à la loi humaine dont l'homme ne serait pas la source : Dieu
– Steinbeck
Chez Steinbeck, il n'y a pas d'instance supérieure, l'homme est livré à lui-même (le pasteur ne croit plus en Dieu), la conscience que l'origine de la pensée du juste et de l'injuste c’est l'homme associe la justice à un aléatoire arbitraire qui laisse l'homme dans la détresse. L'homme est responsable du mal et quand il a enclenché le mal, ça se déroule comme un destin qu'il ne peut plus arrêter. La pensée de Steinbeck n'est pas mythologique. L'origine du mal et de la justice est en l'homme .Steinbeck dénonce l'idée qu'on puisse aller vers un monde juste, construit, fait de bonne volonté. Il montre le matérialisme à l'œuvre.
Steinbeck : le juste et l'injuste sont imputables à l'homme : triomphe de l'injustice fruits de la cupidité (de la concupiscence dirait Pascal), c'est le désir de possession, d'argent, c'est la loi du plus fort => responsabilité de l'homme qui est seul responsable de son prochain. La justice est liée à la responsabilité pour autrui, cette responsabilité engage ma liberté et mon choix. J'ai le choix entre gagner plus ou moins d'argent, au détriment d'autrui.
– Eschyle
En revanche pour Eschyle l'origine du mal c'est le caractère mélangé du monde, dans le monde il y a du mélange de ce qui fait du mal et de ce qui fait du bien. Pour Steinbeck il n'y a pas de juste et de l’injuste dans le monde, mais du juste et de l'injuste dans l'homme. Pour les grecs au contraire du juste et de l'injuste qu'il y en a partout et c'est dans l'ordre du monde = > pas de cité idéale.
≠ Pour les grecs : antériorité de la nature, les hommes se comportent comme des animaux (nombreuses métaphores de chasse chez Eschyle), faire la guerre n'est pas injuste si ce n'est pas une guerre entre soi ni avec mon semblable. Massacrer les étrangers c'est normal. Mais il ne faut pas de la démesure.
≠ Eschyle : monde mélangé, l'homme est partie prenante de ce mélange, il n'est pas responsable du bien et du mal qui existent déjà dans l'ordre du monde
III – le tragique de la condition humaine
Eschyle
Dans la conscience grecque c’est l’ hubris qui crée l'injustice : Agamemnon est coupable de ses excès dans la guerre, il n'est pas coupable de la guerre. Il n'y a donc pas pour les grecs du juste et de l'injuste universel, le héros grec commet la démesure sans même s'en apercevoir, il subit une malédiction, une vengeance et il cède à la tentation. ≠ Dans le christianisme c'est la conscience qui a fait que c'est juste ou injuste. Pour les grecs le monde est duel. Par exemple Œdipe ne pouvait pas savoir qu’il tuait son père ni qu’il commettait un inceste en épousant Jocaste. L'injustice qu'il commet déclenche la peste, symbole du désordre et du chaos. Le juste et l'injuste ne dépendent pas d'un acte libre, conscient, assumé comme tel. On peut donc affirmer que l’on peut être injuste sans être responsable, ainsi Oreste n'a pas le choix : il doit tuer sa mère. C'est ça le tragique, être injuste sans être réellement responsable. ( « tragicotaton = le super tragique d’Œdipe => cas de figure presque pur : Œdipe a commis une injustice sans le savoir , cela n'a rien à voir avec la morale. La résolution est une purification rituelle et pas une purification morale ( la demande de pardon), la résolution rituelle est magique mais elle n’efface pas la souillure, elle donne l'autorisation de se présenter comme le suppliant, cela n'engage pas la conscience morale.
La démesure c’est transgresser l'ordre qui n'est pas moral. Quand Agamemnon pille la ville de Troie, c'est juste mais quand il renverse les autels, c'est injuste. L'injuste n'est pas là où on pense. Elle n'est pas morale ni univoque. La démesure d’Agamemnon consiste à être sorti des limites humaines, c'est la prétention à vouloir tout au lieu de rester dans les limites mais on ne sait jamais les limites en question : c'est bien cela le tragique.
Quand Agamemnon met le feu à la ville de Troie, il ne sait pas où sont les limites du juste et de l'injuste. L'entreprise des Euménides est de passer d’un droit lié à un ordre du cosmos où on ne connaît pas les limites à un droit positif ♥, fixée par un décret qui permet de savoir où sont les limites : le code pénal fixe des repères. On sort du tragique quand on sort de l'aveuglement, quand on a des limites qui permettent de fixer le juste et l’injuste de façon convenue. Si le monde est régi par une loi naturelle liée à aux cosmos je transgresse inévitablement les lois car je ne peux connaître le juste et l'injuste. En revanche les lois de la cité me rendent responsables de mes choix et de mes actes. C'est le droit positif. L'astuce des athéniens c'est de déclarer que c'est Athéna qui institue ce droit positif. La transposition du monde des dieux sur la scène de théâtre et en faire des personnages permet à Eschyle d’inventer une justice laïque. La pièce montre comment on peut s'arracher au tragique de la condition humaine à conditions d'être en règle avec la loi qui est à présent un concept clair : ce qui est juste, c’es la loi de la cité, l'injuste c’est transgresser la loi de la cité et non plus transgresser une loi obscure.
La création d'une cité avec un tribunal permet de sortir du tragique. Les hommes vont pouvoir prendre en main leur destin. Le lieu de résolution du tragique, c'est la tragédie elle-même. Mettre en scène le tragique et s'en arracher par le langage à valeur performative : je dis que Athéna a dit, donc elle a dit et c’est institué. Je change l'ordre du monde par la tragédie.
Pascal
Mais pour Pascal si « je crois » qu'il est possible de s'arracher au tragique de l'existence, c'est une illusion de l'imagination (vanité). Les Grecs se donnent l'illusion d'une résolution politique de la tragédie de la vie grâce à une cité de paix et une bonne constitution mais au fond l'horizon de mort n'a pas disparu. Ca déplace le problème car pour Pascal Dieu est le seul à nous sauver de la mort. Et Zeus n'a pas la capacité de nous rendre immortels, et donc la mort reste tragique. Seul le Christ a fait mourir la mort.
Les Euménides créent une cité avec des règles. Les grecs ont le sentiment de créer un ordre nouveau sur lequel on continue de vivre.≠ L'Amérique est un nouveau monde qui a la naïveté de repartir d'un monde sans loi. Toute l'histoire est marquée par la reconnaissance d'une loi qui fédère les peuples.
Au XVIIe la société est régie sur le principe d'un seul Dieu. Le monothéisme c'est la volonté unique qui sert de principe à tout et notamment de principe d’intelligibilité, de source unique du droit. Ce qui est juste est ce qui est conforme à la volonté de Dieu même si elle n'est pas lisible à cause du péché.. Or la question philosophique est de savoir si la volonté de Dieu est arbitraire. C'est quoi le bien et où est-il ? Si Dieu est bon, il a créé un monde bon donc pourquoi est-il rempli d'injustices ? Théologiquement il faut bien admettre que c'est la volonté humaine qui cause l’injustice.
Pour Pascal le salut ne vient pas de nos actes, je ne peux pas me sauver tout seul en revanche je peux agir pour aller dans le sens d'un salut (on ne peut pas se tirer de l'eau en se soulevant soi-même par les cheveux), le salut est un don, c'est la foi dans le salut qui nous sauve. Avec le monothéisme la question de la justice entre dans la sphère humaine, ça n'a plus rien ne cosmique. C'est là que la justice prend un caractère éthique en changeant de paradigme. On n'est plus dans le même système de pensée, on n'est plus dans le mode de pensée grecque. On a à faire à un dieu moral mais la sphère du juste et de l'injuste est entre les mains des hommes. La question du juste est de savoir si l'action est conforme à la prise en compte d’autrui, c'est la notion de considération d’ autrui : qu’est-ce qui est dû à l'autre ? ♥
Steinbeck
Moïse, exode « il n'y a pas de peuple qui ait de meilleure loi »
La loi règle les rapports entre les individus, elle permet de ne pas dépasser les limites, de ne pas en être dans la démesure la vengeance. (œil pour œil ce n'est pas 2 yeux pour un œil)
Le droit positif pose les limites à l'opposé des lois cosmiques que l'on ne peut pas connaître. Les peuples qui établissent une loi, ont conscience d'introduire un changement exceptionnel dans le monde
Hammourabi : 3000 ans avant Jésus-Christ
Moïse : 1200 ans avant Jésus-Christ
Athènes : Ve siècle avant Jésus-Christ
En Amérique : les hommes qui arrivent se retrouvent tous égaux car il n'y a pas de lois qui préexistent, pas d'état. Il n'y a que la liberté et l'égalité (pas de nobles, pas de roturiers) : on a tous le même Far-West devant nous, on est libre, entreprenons , faisons des affaires. Mais cela va engendrer de l’injustice, des inégalités dans la mesure où c’est chacun sa loi, tous contre tous, tous à s'exploiter librement, sans l'entrave de la loi ni de la coutume. Va se poser le problème de la régulation, donc le problème des règles et donc la nécessité d'instaurer un État ( l'État c'est celui qui fait la loi). Mais la constitution américaine c'est le moins d’état possible pour le plus de libertés possibles - idéologie du moins d'état possible et donc pas de régulation pour plus de justice.. L'État américain garantit la liberté de concurrence : acheter le travail le moins cher possible est légal (c’est le contraire de la France : tout préciser, tout légiférer, tout réglementer pour interdire les moindres injustices // paralyser les libertés, mais c'est créer une rente de situation pour les riches)
En Amérique pas de SMIC, le libéralisme est source d’injustices, c'est à dire de démesure dans les inégalités. C'est un retour au monde du chaos des vieux dieux dont Athéna fait sortir la cité. Le renversement de l'ordre du progrès de la justice est signifié dans le roman par la jeune fille qui donne le sein au vieillard (retour archaïque à l'ancien ordre du monde : nourrir le vieillard à la place d'un enfant c’est nourrir le passé et non l'avenir d'une société . Il faut opposer la fin de la pièce d'Eschyle ouverte sur l’avenir (optimisme) et la fin du roman de Steinbeck.qui constitue un retour vers le chaos primitif ( nihilisme). Nourrir le vieillard c’est le temps à l'envers, le retour des vieux dieux alors que la direction vers l'ouest représente une espérance d’avenir qui est ainsi démentie. La route vers l'ouest se transforme en errance dans la boue et la pluie. La Californie symbolisait l'espérance d'une terre nourricière, la scène finale représente une régression et la fin d'un rêve. C'est une épopée tragique.
Dans la Grèce antique dualité irréductible comme principe du monde. Les dieux s'affrontent entre eux et avec les forces obscures(les Erinyes), le juste et l'injuste se pensent dans ce contexte trouble, ils ne sont pas lisibles car chaque instant est fait de forces contradictoires, on est puni pour la faute de ses pères. Eschyle introduit une rupture dans l'ordre Ancien, le monde qu'il inaugure est un monde tourné vers l’avenir.
D'une certaine façon Steinbeck vient donner raison à Eschyle : quand il n'y a plus d'état c'est la catastrophe, les lois établies pour toute la cité permettent d'assurer l'égalité des citoyens devant la loi, au contraire des États-Unis en 1930. Le camp du gouvernement représente une utopie où chacun est redevable devant autrui. La nouvelle cité grecque va échapper à la cacophonie des dieux, les Etats unis plongent dans le chaos où la loi ne fédère plus les individus mais célèbre au contraire le repli sur l’individualisme, l’exacerbation de la concupiscence érigée en vertu.
IV – Sortir du tragique : - Pour être juste il ne suffit pas de ne pas être injuste
- Soit c’est défini par la loi = conception légaliste du juste ( droit positif)
ou bien la conscience est dans une exigence éthique d’être en recherche du juste qui n'est jamais donné mais qui ressortit à ma liberté morale. = Idéal de justice ♥ Reconnaître autrui pour ce qu'il est, exigence infinie de justice, mais je n'ai jamais fini d'être juste. L’amour est au-delà du juste et de l'injuste, si j'ai agi sans amour est ce que je suis juste ? C’est une justice qui va au-delà de la justice rétributive mais c'est la seule justice qui permettrait de vaincre le mal : on ne peut vaincre l’injustice par la justice mais par l'amour. Ce qui est bien n’est pas ce qui est simplement juste ; on peut vivre honnêtement sans faire le mal sans pour autant faire le bien, selon Pascal, pour être un homme juste il faut marcher dans les pas de Dieu, et donc pas seulement être en règle, l’injustice est le rejet de la vraie justice qui est la volonté de Dieu
Que veut dire être bon ?
Cela veut dire reconnaître autrui, préférer autrui à soi-même, vouloir autrui plutôt que soi-même, ne pas faire de l'autre un moyen mais une fin en la bonté, c'est donné gratuitement, ne pas être dans une relation d'échange, donner sans retour, considérer l'autre comme ayant plus de valeur que moi-même.
On se place ainsi au-delà de la justice rétributive car la justice reste dans les limites de la rétribution ce qui renvoie à quelque chose de réglé.
= Rétribuer en conscience. La justice n'a pas à voir avec l'amour de l'autre mais avec la conformité à une règle de l'équité distributive. Être bon c'est aller au-delà de la justice rétributive. Pour faire un acte juste il ne suffit pas de ne pas commettre d'injustice ni de réparer une injustice par l'application de la justice (la prison ne rend pas le monde meilleur) ♥, cf Ricœur
Comment éradiquer l'injustice ? Il faut vouloir un monde bon et pour cela être animé d'une volonté bonne donc vouloir le bien d'autrui plus que soi. Cf Kant Mais pour cela il faut l'aimer donc l'amour d’autrui permet d'aller au-delà de la simple justice rétributive.
Le simple exercice de la justice est statique, il est insuffisant pour transformer le monde en monde juste et la bonté exige aussi la justice sinon c'est le chaos. Dans Steinbeck la bonté meurt avec elle-même.
Il faut plus que la justice pour qu’advienne la justice, l'avènement de la justice ne peut pas être statique il faut envisager la justice comme une fin et pas seulement comme un moyen. Il faut donc croiser la valeur justice avec une autre valeur, au-delà de l'idée d'un ordre du monde juste. Il faut donc une autre valeur que la justice politique, il faut un horizon éthique à la justice. Dans l'Eschyle pas d’autres perspectives que politiques pour l'exercice de la justice : la justice consiste à régler le droit comme solution juridique à la vendetta. Ca fonctionne sur le plan de la cité politique, portée efficace de l’aréopage, c'est une révolution.
Cynisme de Pascal : l'ordre du politique ne se confond pas avec l'ordre de la charité. Le droit doit être positiviste car il doit garantir un ordre politique stable.
V – Conclusion
Eschyle : justice se conçoit dans un ordre du monde que l’homme ne maîtrise pas et dans lequel il est perdu, condamné à errer car il ne connaît distinctement quel est l’ordre du monde => mais avec Eschyle la justice s’émancipe, c'est l'invention du droit positif qui résout l'incertitude du juste et de l'injuste. Eschyle est fier d’un ordre nouveau qui va permettre d'exercer le droit et la justice pour de bon
Pascal : pour lui le monde est entièrement injuste et il faut faire comme si il était juste, comme si la justice était fondée en vérité alors qu'elle n'est qu'une singerie.
Pascal affirme que dans un monde est injuste il faut une justice qui passe pour juste même si elle n'en a que les apparences. Paradoxe : là où Eschyle a mis fin au tragique, Pascal fait un paradoxe saignant et réintroduit le tragique. Car pour Pascal il n'y a pas d'espoir pour l'homme de s'en sortir par lui-même il n'y a pas d'autre issue que dans le Christ. En dépit de toutes nos prétentions à l'intelligence quand le droit n'est pas animé par l'amour il peut conduire à un sommet d'injustice (Auschwitz)
Steinbeck : la société s'accommode de l'injustice, dans un État libéral il n'y a pas de fraternité, pas de régulation des conflits ; dans le roman on revient donc au chaos tragique d'avant les Euménides. Zeus représentait le progrès c'est un nouveau Dieu qui dans la pièce vient triompher des dieux archaïques. Dans le roman l'injustice triomphe de façon cynique. Régression vers le chaos primitif, impossibilité d'exercer la justice. Rupture avec Eschyle et de la justice athénienne, échec de l'optimisme triomphant d'Eschyle qui proposait une sortie du tragique. Pascal propose de sauver les apparences afin de sauvegarder la paix mais c'est déjà en retour du tragique car la justice est illusoire et arbitraire. Steinbeck triomphe de l'injustice et du tragique
Eschyle Chaos = malheur, errance => lois = paix, réconciliation, espoir liberté ≠ Steinbeck Ordre, tradition rompus, arrachement => errance, désordre = malheur, désespoir, mort et aliénation |
Cronos => Zeus / Athéna (Eschyle) => injustice naturelle mais justice d'apparence pour sauvegarder la paix civile ( Pascal ) => triomphe du chaos (Steinbeck ) |
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