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dimanche 27 novembre 2011
jeudi 24 novembre 2011
Colle de Français semestre 1 : proposition de créneau supplémentaire
Pour les élèves qui n'ont pas pu passer leur colle sur le créneau prévu, Mme Cosnefroy propose le rattrapage suivant :
Le lundi 12 Décembre
16h00-16h30 Marin
Le lundi 12 Décembre
16h00-16h30 Marin
16h30-17h00 Maret
17h00-17h30 Chauvet
17h30-18h00 Mohad
18h00-18h30 Viaud
18h30-19h00 El Kettani El Hamidi
Séance bilan de Français : mise en perspective des trois oeuvres
Séance Bilan : mise en perspective des trois œuvres
Problématique
–Constat de l’injustice - l’impossible justice - le projet de justice = combat pour faire naître ou instituer une justice (révolte, syndicalisme et camp d’état dans Steinbeck, institution du tribunal avec mission chez Eschyle, chez Pascal devoir de justice qui se réalise grâce à la théorie politique des ordres de justice. ) = perspective interrogée par les œuvres. Il ya t'il une justice possible ici bas ou seulement un idéal de justice vers lequel tendre ? Peut-on affirmer comme Baranès que « la justice est une obligation impossible » ?
- I - - D’où vient le sentiment du juste et de l’injuste ?=> pas de justice sans conscience
Eschyle | Pascal | Steinbeck |
La justice confiée aux hommes dans l'Orestie est placée sous la protection tutélaire d'Athéna qui reste une instance qui s'apparente à un idéal de justice. | Dans cette perspective Pascal explique l'absolue nécessité d'une justice incarnée dans une institution incontestable et incontestée à défaut de quoi la paix civile est menacée | Dans Steinbeck l'homme est absolument livré lui-même, sans transcendance ni référence à une justice idéale. Le Pasteur lui-même ne croit plus en Dieu. Conception nihiliste qui abandonne l'homme à lui-même. Dans ce monde sans Dieu et sans idéal de justice, c'est la force seule qui s'impose, la force au service d’elle-même, la force au service de l'injustice Nous sommes peut-être dans le roman de Steinbeck plongés dans un univers où chacun est en guerre contre chacun de façon anarchique et chaotique. Là où Eschyle termine sa pièce sur l'espoir d'une société où règne la justice confiée aux hommes, Steinbeck dresse le tableau d'une société dans laquelle triomphe l'injustice et qui s'apparente à la fin du roman au chaos duquel Eschyle a fait naître la justice. Steinbeck semble affirmer l'échec de la justice positiviste dès lors que la force est au seul service de l'intérêt personnel et privé et que l'État ne garantit plus une force régulatrice.. Steinbeck propose une lecture pessimiste de la justice voire même de la condition humaine. |
II – Sous quelle instance la justice est-elle placée ? La conscience hésite entre penser l'homme lui-même comme source du juste et de l'injuste ou bien attribuer le juste et l'injuste à une loi du monde
A -Le positivisme juridique ♥ théorie qui affirme que ce qui est juste est conforme au droit
« jus naturaliste » ♥ théories du droit naturel, c'est-à-dire n'est pas juste de ce qui est conforme au droit, c'est le droit qui doit être conforme à ce qui est juste, il a donc une justice au-dessus de droit ( cf. Antigone de Sophocle) : il y a du juste et de l'injuste de façon absolue, en soi.
Difficultés pour penser la loi divine : la loi divine n'est pas simplement la loi de la nature car dans la nature pure il n'y a pas en soi de justice. Il faut qu'à l'intérieur de la nature il y ait une instance qui institue du juste et de l'injuste. Si bien que l'on ne peut pas parler de la nature de façon univoque. Quand les animaux se dévorent entre eux, on ne trouve pas injuste mais naturel ; cela ne correspond pas à du désordre. On introduit un jugement qui dualise, c'est la conscience ♥ . Ce sentiment du juste est une interprétation du monde par lequel j'oppose ce qui est violent à ce qui est paisible Ce passage de l'harmonie à la violence transgresse un ordre qui n'existe que parce que je le pense comme ordre. Le jugement fait un retour aux choses en leur attribuant de la rectitude. Mais ce sentiment est un jugement subjectif que je légitimise par une loi supérieure à la loi humaine dont l'homme ne serait pas la source : Dieu
– Steinbeck
Chez Steinbeck, il n'y a pas d'instance supérieure, l'homme est livré à lui-même (le pasteur ne croit plus en Dieu), la conscience que l'origine de la pensée du juste et de l'injuste c’est l'homme associe la justice à un aléatoire arbitraire qui laisse l'homme dans la détresse. L'homme est responsable du mal et quand il a enclenché le mal, ça se déroule comme un destin qu'il ne peut plus arrêter. La pensée de Steinbeck n'est pas mythologique. L'origine du mal et de la justice est en l'homme .Steinbeck dénonce l'idée qu'on puisse aller vers un monde juste, construit, fait de bonne volonté. Il montre le matérialisme à l'œuvre.
Steinbeck : le juste et l'injuste sont imputables à l'homme : triomphe de l'injustice fruits de la cupidité (de la concupiscence dirait Pascal), c'est le désir de possession, d'argent, c'est la loi du plus fort => responsabilité de l'homme qui est seul responsable de son prochain. La justice est liée à la responsabilité pour autrui, cette responsabilité engage ma liberté et mon choix. J'ai le choix entre gagner plus ou moins d'argent, au détriment d'autrui.
– Eschyle
En revanche pour Eschyle l'origine du mal c'est le caractère mélangé du monde, dans le monde il y a du mélange de ce qui fait du mal et de ce qui fait du bien. Pour Steinbeck il n'y a pas de juste et de l’injuste dans le monde, mais du juste et de l'injuste dans l'homme. Pour les grecs au contraire du juste et de l'injuste qu'il y en a partout et c'est dans l'ordre du monde = > pas de cité idéale.
≠ Pour les grecs : antériorité de la nature, les hommes se comportent comme des animaux (nombreuses métaphores de chasse chez Eschyle), faire la guerre n'est pas injuste si ce n'est pas une guerre entre soi ni avec mon semblable. Massacrer les étrangers c'est normal. Mais il ne faut pas de la démesure.
≠ Eschyle : monde mélangé, l'homme est partie prenante de ce mélange, il n'est pas responsable du bien et du mal qui existent déjà dans l'ordre du monde
III – le tragique de la condition humaine
Eschyle
Dans la conscience grecque c’est l’ hubris qui crée l'injustice : Agamemnon est coupable de ses excès dans la guerre, il n'est pas coupable de la guerre. Il n'y a donc pas pour les grecs du juste et de l'injuste universel, le héros grec commet la démesure sans même s'en apercevoir, il subit une malédiction, une vengeance et il cède à la tentation. ≠ Dans le christianisme c'est la conscience qui a fait que c'est juste ou injuste. Pour les grecs le monde est duel. Par exemple Œdipe ne pouvait pas savoir qu’il tuait son père ni qu’il commettait un inceste en épousant Jocaste. L'injustice qu'il commet déclenche la peste, symbole du désordre et du chaos. Le juste et l'injuste ne dépendent pas d'un acte libre, conscient, assumé comme tel. On peut donc affirmer que l’on peut être injuste sans être responsable, ainsi Oreste n'a pas le choix : il doit tuer sa mère. C'est ça le tragique, être injuste sans être réellement responsable. ( « tragicotaton = le super tragique d’Œdipe => cas de figure presque pur : Œdipe a commis une injustice sans le savoir , cela n'a rien à voir avec la morale. La résolution est une purification rituelle et pas une purification morale ( la demande de pardon), la résolution rituelle est magique mais elle n’efface pas la souillure, elle donne l'autorisation de se présenter comme le suppliant, cela n'engage pas la conscience morale.
La démesure c’est transgresser l'ordre qui n'est pas moral. Quand Agamemnon pille la ville de Troie, c'est juste mais quand il renverse les autels, c'est injuste. L'injuste n'est pas là où on pense. Elle n'est pas morale ni univoque. La démesure d’Agamemnon consiste à être sorti des limites humaines, c'est la prétention à vouloir tout au lieu de rester dans les limites mais on ne sait jamais les limites en question : c'est bien cela le tragique.
Quand Agamemnon met le feu à la ville de Troie, il ne sait pas où sont les limites du juste et de l'injuste. L'entreprise des Euménides est de passer d’un droit lié à un ordre du cosmos où on ne connaît pas les limites à un droit positif ♥, fixée par un décret qui permet de savoir où sont les limites : le code pénal fixe des repères. On sort du tragique quand on sort de l'aveuglement, quand on a des limites qui permettent de fixer le juste et l’injuste de façon convenue. Si le monde est régi par une loi naturelle liée à aux cosmos je transgresse inévitablement les lois car je ne peux connaître le juste et l'injuste. En revanche les lois de la cité me rendent responsables de mes choix et de mes actes. C'est le droit positif. L'astuce des athéniens c'est de déclarer que c'est Athéna qui institue ce droit positif. La transposition du monde des dieux sur la scène de théâtre et en faire des personnages permet à Eschyle d’inventer une justice laïque. La pièce montre comment on peut s'arracher au tragique de la condition humaine à conditions d'être en règle avec la loi qui est à présent un concept clair : ce qui est juste, c’es la loi de la cité, l'injuste c’est transgresser la loi de la cité et non plus transgresser une loi obscure.
La création d'une cité avec un tribunal permet de sortir du tragique. Les hommes vont pouvoir prendre en main leur destin. Le lieu de résolution du tragique, c'est la tragédie elle-même. Mettre en scène le tragique et s'en arracher par le langage à valeur performative : je dis que Athéna a dit, donc elle a dit et c’est institué. Je change l'ordre du monde par la tragédie.
Pascal
Mais pour Pascal si « je crois » qu'il est possible de s'arracher au tragique de l'existence, c'est une illusion de l'imagination (vanité). Les Grecs se donnent l'illusion d'une résolution politique de la tragédie de la vie grâce à une cité de paix et une bonne constitution mais au fond l'horizon de mort n'a pas disparu. Ca déplace le problème car pour Pascal Dieu est le seul à nous sauver de la mort. Et Zeus n'a pas la capacité de nous rendre immortels, et donc la mort reste tragique. Seul le Christ a fait mourir la mort.
Les Euménides créent une cité avec des règles. Les grecs ont le sentiment de créer un ordre nouveau sur lequel on continue de vivre.≠ L'Amérique est un nouveau monde qui a la naïveté de repartir d'un monde sans loi. Toute l'histoire est marquée par la reconnaissance d'une loi qui fédère les peuples.
Au XVIIe la société est régie sur le principe d'un seul Dieu. Le monothéisme c'est la volonté unique qui sert de principe à tout et notamment de principe d’intelligibilité, de source unique du droit. Ce qui est juste est ce qui est conforme à la volonté de Dieu même si elle n'est pas lisible à cause du péché.. Or la question philosophique est de savoir si la volonté de Dieu est arbitraire. C'est quoi le bien et où est-il ? Si Dieu est bon, il a créé un monde bon donc pourquoi est-il rempli d'injustices ? Théologiquement il faut bien admettre que c'est la volonté humaine qui cause l’injustice.
Pour Pascal le salut ne vient pas de nos actes, je ne peux pas me sauver tout seul en revanche je peux agir pour aller dans le sens d'un salut (on ne peut pas se tirer de l'eau en se soulevant soi-même par les cheveux), le salut est un don, c'est la foi dans le salut qui nous sauve. Avec le monothéisme la question de la justice entre dans la sphère humaine, ça n'a plus rien ne cosmique. C'est là que la justice prend un caractère éthique en changeant de paradigme. On n'est plus dans le même système de pensée, on n'est plus dans le mode de pensée grecque. On a à faire à un dieu moral mais la sphère du juste et de l'injuste est entre les mains des hommes. La question du juste est de savoir si l'action est conforme à la prise en compte d’autrui, c'est la notion de considération d’ autrui : qu’est-ce qui est dû à l'autre ? ♥
Steinbeck
Moïse, exode « il n'y a pas de peuple qui ait de meilleure loi »
La loi règle les rapports entre les individus, elle permet de ne pas dépasser les limites, de ne pas en être dans la démesure la vengeance. (œil pour œil ce n'est pas 2 yeux pour un œil)
Le droit positif pose les limites à l'opposé des lois cosmiques que l'on ne peut pas connaître. Les peuples qui établissent une loi, ont conscience d'introduire un changement exceptionnel dans le monde
Hammourabi : 3000 ans avant Jésus-Christ
Moïse : 1200 ans avant Jésus-Christ
Athènes : Ve siècle avant Jésus-Christ
En Amérique : les hommes qui arrivent se retrouvent tous égaux car il n'y a pas de lois qui préexistent, pas d'état. Il n'y a que la liberté et l'égalité (pas de nobles, pas de roturiers) : on a tous le même Far-West devant nous, on est libre, entreprenons , faisons des affaires. Mais cela va engendrer de l’injustice, des inégalités dans la mesure où c’est chacun sa loi, tous contre tous, tous à s'exploiter librement, sans l'entrave de la loi ni de la coutume. Va se poser le problème de la régulation, donc le problème des règles et donc la nécessité d'instaurer un État ( l'État c'est celui qui fait la loi). Mais la constitution américaine c'est le moins d’état possible pour le plus de libertés possibles - idéologie du moins d'état possible et donc pas de régulation pour plus de justice.. L'État américain garantit la liberté de concurrence : acheter le travail le moins cher possible est légal (c’est le contraire de la France : tout préciser, tout légiférer, tout réglementer pour interdire les moindres injustices // paralyser les libertés, mais c'est créer une rente de situation pour les riches)
En Amérique pas de SMIC, le libéralisme est source d’injustices, c'est à dire de démesure dans les inégalités. C'est un retour au monde du chaos des vieux dieux dont Athéna fait sortir la cité. Le renversement de l'ordre du progrès de la justice est signifié dans le roman par la jeune fille qui donne le sein au vieillard (retour archaïque à l'ancien ordre du monde : nourrir le vieillard à la place d'un enfant c’est nourrir le passé et non l'avenir d'une société . Il faut opposer la fin de la pièce d'Eschyle ouverte sur l’avenir (optimisme) et la fin du roman de Steinbeck.qui constitue un retour vers le chaos primitif ( nihilisme). Nourrir le vieillard c’est le temps à l'envers, le retour des vieux dieux alors que la direction vers l'ouest représente une espérance d’avenir qui est ainsi démentie. La route vers l'ouest se transforme en errance dans la boue et la pluie. La Californie symbolisait l'espérance d'une terre nourricière, la scène finale représente une régression et la fin d'un rêve. C'est une épopée tragique.
Dans la Grèce antique dualité irréductible comme principe du monde. Les dieux s'affrontent entre eux et avec les forces obscures(les Erinyes), le juste et l'injuste se pensent dans ce contexte trouble, ils ne sont pas lisibles car chaque instant est fait de forces contradictoires, on est puni pour la faute de ses pères. Eschyle introduit une rupture dans l'ordre Ancien, le monde qu'il inaugure est un monde tourné vers l’avenir.
D'une certaine façon Steinbeck vient donner raison à Eschyle : quand il n'y a plus d'état c'est la catastrophe, les lois établies pour toute la cité permettent d'assurer l'égalité des citoyens devant la loi, au contraire des États-Unis en 1930. Le camp du gouvernement représente une utopie où chacun est redevable devant autrui. La nouvelle cité grecque va échapper à la cacophonie des dieux, les Etats unis plongent dans le chaos où la loi ne fédère plus les individus mais célèbre au contraire le repli sur l’individualisme, l’exacerbation de la concupiscence érigée en vertu.
IV – Sortir du tragique : - Pour être juste il ne suffit pas de ne pas être injuste
- Soit c’est défini par la loi = conception légaliste du juste ( droit positif)
ou bien la conscience est dans une exigence éthique d’être en recherche du juste qui n'est jamais donné mais qui ressortit à ma liberté morale. = Idéal de justice ♥ Reconnaître autrui pour ce qu'il est, exigence infinie de justice, mais je n'ai jamais fini d'être juste. L’amour est au-delà du juste et de l'injuste, si j'ai agi sans amour est ce que je suis juste ? C’est une justice qui va au-delà de la justice rétributive mais c'est la seule justice qui permettrait de vaincre le mal : on ne peut vaincre l’injustice par la justice mais par l'amour. Ce qui est bien n’est pas ce qui est simplement juste ; on peut vivre honnêtement sans faire le mal sans pour autant faire le bien, selon Pascal, pour être un homme juste il faut marcher dans les pas de Dieu, et donc pas seulement être en règle, l’injustice est le rejet de la vraie justice qui est la volonté de Dieu
Que veut dire être bon ?
Cela veut dire reconnaître autrui, préférer autrui à soi-même, vouloir autrui plutôt que soi-même, ne pas faire de l'autre un moyen mais une fin en la bonté, c'est donné gratuitement, ne pas être dans une relation d'échange, donner sans retour, considérer l'autre comme ayant plus de valeur que moi-même.
On se place ainsi au-delà de la justice rétributive car la justice reste dans les limites de la rétribution ce qui renvoie à quelque chose de réglé.
= Rétribuer en conscience. La justice n'a pas à voir avec l'amour de l'autre mais avec la conformité à une règle de l'équité distributive. Être bon c'est aller au-delà de la justice rétributive. Pour faire un acte juste il ne suffit pas de ne pas commettre d'injustice ni de réparer une injustice par l'application de la justice (la prison ne rend pas le monde meilleur) ♥, cf Ricœur
Comment éradiquer l'injustice ? Il faut vouloir un monde bon et pour cela être animé d'une volonté bonne donc vouloir le bien d'autrui plus que soi. Cf Kant Mais pour cela il faut l'aimer donc l'amour d’autrui permet d'aller au-delà de la simple justice rétributive.
Le simple exercice de la justice est statique, il est insuffisant pour transformer le monde en monde juste et la bonté exige aussi la justice sinon c'est le chaos. Dans Steinbeck la bonté meurt avec elle-même.
Il faut plus que la justice pour qu’advienne la justice, l'avènement de la justice ne peut pas être statique il faut envisager la justice comme une fin et pas seulement comme un moyen. Il faut donc croiser la valeur justice avec une autre valeur, au-delà de l'idée d'un ordre du monde juste. Il faut donc une autre valeur que la justice politique, il faut un horizon éthique à la justice. Dans l'Eschyle pas d’autres perspectives que politiques pour l'exercice de la justice : la justice consiste à régler le droit comme solution juridique à la vendetta. Ca fonctionne sur le plan de la cité politique, portée efficace de l’aréopage, c'est une révolution.
Cynisme de Pascal : l'ordre du politique ne se confond pas avec l'ordre de la charité. Le droit doit être positiviste car il doit garantir un ordre politique stable.
V – Conclusion
Eschyle : justice se conçoit dans un ordre du monde que l’homme ne maîtrise pas et dans lequel il est perdu, condamné à errer car il ne connaît distinctement quel est l’ordre du monde => mais avec Eschyle la justice s’émancipe, c'est l'invention du droit positif qui résout l'incertitude du juste et de l'injuste. Eschyle est fier d’un ordre nouveau qui va permettre d'exercer le droit et la justice pour de bon
Pascal : pour lui le monde est entièrement injuste et il faut faire comme si il était juste, comme si la justice était fondée en vérité alors qu'elle n'est qu'une singerie.
Pascal affirme que dans un monde est injuste il faut une justice qui passe pour juste même si elle n'en a que les apparences. Paradoxe : là où Eschyle a mis fin au tragique, Pascal fait un paradoxe saignant et réintroduit le tragique. Car pour Pascal il n'y a pas d'espoir pour l'homme de s'en sortir par lui-même il n'y a pas d'autre issue que dans le Christ. En dépit de toutes nos prétentions à l'intelligence quand le droit n'est pas animé par l'amour il peut conduire à un sommet d'injustice (Auschwitz)
Steinbeck : la société s'accommode de l'injustice, dans un État libéral il n'y a pas de fraternité, pas de régulation des conflits ; dans le roman on revient donc au chaos tragique d'avant les Euménides. Zeus représentait le progrès c'est un nouveau Dieu qui dans la pièce vient triompher des dieux archaïques. Dans le roman l'injustice triomphe de façon cynique. Régression vers le chaos primitif, impossibilité d'exercer la justice. Rupture avec Eschyle et de la justice athénienne, échec de l'optimisme triomphant d'Eschyle qui proposait une sortie du tragique. Pascal propose de sauver les apparences afin de sauvegarder la paix mais c'est déjà en retour du tragique car la justice est illusoire et arbitraire. Steinbeck triomphe de l'injustice et du tragique
Eschyle Chaos = malheur, errance => lois = paix, réconciliation, espoir liberté ≠ Steinbeck Ordre, tradition rompus, arrachement => errance, désordre = malheur, désespoir, mort et aliénation |
Cronos => Zeus / Athéna (Eschyle) => injustice naturelle mais justice d'apparence pour sauvegarder la paix civile ( Pascal ) => triomphe du chaos (Steinbeck ) |
mercredi 23 novembre 2011
Informations concernant les concours ENTPE et ESTP
La brochure de l'ENTPE est disponible dans la classe.
J'en ai scanné les premières pages (il y a des infos plus complètes sur : http://www.entpe.fr/)
Autre information, concernant cette fois le concours ESTP (http://www.estp.fr/):
J'en ai scanné les premières pages (il y a des infos plus complètes sur : http://www.entpe.fr/)
Autre information, concernant cette fois le concours ESTP (http://www.estp.fr/):
Informations concernant le Magistère d'Orsay MFA
Informations concernant l'ECAM Rennes
Notices concernant les concours E3a et des Ecoles des Mines
La notice de E3a est en ligne : http://www.e3a.fr/notice_e3a.pdf (et aussi dans la classe)
Celle du concours commun "Ecoles des Mines" (anciennes Mines de Sup + Ensta Bretagne) ne l'est pas encore.... Alors je l'ai scannée :
Celle du concours commun "Ecoles des Mines" (anciennes Mines de Sup + Ensta Bretagne) ne l'est pas encore.... Alors je l'ai scannée :
dimanche 20 novembre 2011
Français : Discours de Benoît XVI devant le Bundestag
VISITE AU PARLEMENT FÉDÉRAL
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
DEVANT LE BUNDESTAG
DEVANT LE BUNDESTAG
Berlin
Jeudi 22 septembre 2011
Jeudi 22 septembre 2011
(Vidéo)
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Bundestag,
Madame la Chancelière fédérale,
Madame le Président du Bundesrat,
Mesdames et messieurs les Députés,
Monsieur le Président du Bundestag,
Madame la Chancelière fédérale,
Madame le Président du Bundesrat,
Mesdames et messieurs les Députés,
C’est pour moi un honneur et une joie de parler devant cette Chambre haute – devant le Parlement de ma patrie allemande, qui se réunit ici comme représentation du peuple, élue démocratiquement, pour travailler pour le bien de la République fédérale d’Allemagne. Je voudrais remercier Monsieur le Président du Bundestag pour son invitation à tenir ce discours, ainsi que pour les aimables paroles de bienvenue et d’appréciation avec lesquelles il m’a accueilli. En cette heure, je m’adresse à vous, Mesdames et Messieurs – certainement aussi comme compatriote qui se sait lié pour toute la vie à ses origines et suit avec intérêt le devenir de la Patrie allemande. Mais l’invitation à tenir ce discours m’est adressée en tant que Pape, en tant qu’Évêque de Rome, qui porte la responsabilité suprême pour la chrétienté catholique. En cela, vous reconnaissez le rôle qui incombe au Saint Siège en tant que partenaire au sein de la communauté des Peuples et des États. Sur la base de ma responsabilité internationale, je voudrais vous proposer quelques considérations sur les fondements de l’État de droit libéral.
Vous me permettrez de commencer mes réflexions sur les fondements du droit par un petit récit tiré de la Sainte Écriture. Dans le Premier Livre des Rois on raconte qu’au jeune roi Salomon, à l’occasion de son intronisation, Dieu accorda d’avancer une requête. Que demandera le jeune souverain en ce moment? Succès, richesse, une longue vie, l’élimination de ses ennemis? Il ne demanda rien de tout cela. Par contre il demanda: «Donne à ton serviteur un cœur docile pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal» (1 R 3, 9). Par ce récit, la Bible veut nous indiquer ce qui en définitive doit être important pour un politicien. Son critère ultime et la motivation pour son travail comme politicien ne doit pas être le succès et encore moins le profit matériel. La politique doit être un engagement pour la justice et créer ainsi les conditions de fond pour la paix. Naturellement un politicien cherchera le succès sans lequel il n’aurait aucune possibilité d’action politique effective! Mais le succès est subordonné au critère de la justice, à la volonté de mettre en œuvre le droit et à l’intelligence du droit. Le succès peut aussi être une séduction, et ainsi il peut ouvrir la route à la contrefaçon du droit, à la destruction de la justice. «Enlève le droit – et alors qu’est ce qui distingue l’État d’une grosse bande de brigands?» a dit un jour saint Augustin [1]. Nous Allemands, nous savons par notre expérience que ces paroles ne sont pas un phantasme vide. Nous avons fait l’expérience de séparer le pouvoir du droit, de mettre le pouvoir contre le droit, de fouler aux pieds le droit, de sorte que l’État était devenu une bande de brigands très bien organisée, qui pouvait menacer le monde entier et le pousser au bord du précipice. Servir le droit et combattre la domination de l’injustice est et demeure la tâche fondamentale du politicien. Dans un moment historique où l’homme a acquis un pouvoir jusqu’ici inimaginable, cette tâche devient particulièrement urgente. L’homme est en mesure de détruire le monde. Il peut se manipuler lui-même. Il peut, pour ainsi dire, créer des êtres humains et exclure d’autres êtres humains du fait d’être des hommes. Comment reconnaissons-nous ce qui est juste? Comment pouvons-nous distinguer entre le bien et le mal, entre le vrai droit et le droit seulement apparent? La demande de Salomon reste la question décisive devant laquelle l’homme politique et la politique se trouvent aussi aujourd’hui.
Pour une grande partie des matières à réguler juridiquement, le critère de la majorité peut être suffisant. Mais il est évident que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité de l’homme et de l’humanité, le principe majoritaire ne suffit pas: dans le processus de formation du droit, chaque personne qui a une responsabilité doit chercher elle-même les critères de sa propre orientation. Au troisième siècle, le grand théologien Origène a justifié ainsi la résistance des chrétiens à certains règlements juridiques en vigueur: «Si quelqu’un se trouvait chez les Scythes qui ont des lois irréligieuses, et qu’il fut contraint de vivre parmi eux… celui-ci certainement agirait de façon très raisonnable si, au nom de la loi de la vérité qui chez les Scythes est justement illégalité, il formerait aussi avec les autres qui ont la même opinion, des associations contre le règlement en vigueur…» [2].
Sur la base de cette conviction, les combattants de la résistance ont agi contre le régime nazi et contre d’autres régimes totalitaires, rendant ainsi un service au droit et à l’humanité tout entière. Pour ces personnes il était évident de façon incontestable que le droit en vigueur était, en réalité, une injustice. Mais dans les décisions d’un politicien démocrate, la question de savoir ce qui correspond maintenant à la loi de la vérité, ce qui est vraiment juste et peut devenir loi, n’est pas aussi évidente. Ce qui, en référence aux questions anthropologiques fondamentales, est la chose juste et peut devenir droit en vigueur, n’est pas du tout évident en soi aujourd’hui. À la question de savoir comment on peut reconnaître ce qui est vraiment juste et servir ainsi la justice dans la législation, il n’a jamais été facile de trouver la réponse et aujourd’hui, dans l’abondance de nos connaissances et de nos capacités, cette question est devenue encore plus difficile.
Comment reconnaît-on ce qui est juste? Dans l’histoire, les règlements juridiques ont presque toujours été motivés de façon religieuse: sur la base d’une référence à la divinité on décide ce qui parmi les hommes est juste. Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé, ni un règlement juridique découlant d’une révélation. Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit – il a renvoyé à l’harmonie entre raison objective et subjective, une harmonie qui toutefois suppose le fait d’être toutes deux les sphères fondées dans la Raison créatrice de Dieu. Avec cela les théologiens chrétiens se sont associés à un mouvement philosophique et juridique qui s’était formé depuis le IIème siècle av. JC. Dans la première moitié du deuxième siècle préchrétien, il y eut une rencontre entre le droit naturel social développé par les philosophes stoïciens et des maîtres influents du droit romain [3]. Dans ce contact est née la culture juridique occidentale, qui a été et est encore d’une importance déterminante pour la culture juridique de l’humanité. De ce lien préchrétien entre droit et philosophie part le chemin qui conduit, à travers le Moyen-âge chrétien, au développement juridique des Lumières jusqu’à la Déclaration des Droits de l’homme et jusqu’à notre Loi Fondamentale allemande, par laquelle notre peuple, en 1949, a reconnu «les droits inviolables et inaliénables de l’homme comme fondement de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde».
Pour le développement du droit et pour le développement de l’humanité il a été décisif que les théologiens chrétiens aient pris position contre le droit religieux demandé par la foi dans les divinités, et se soient mis du côté de la philosophie, reconnaissant la raison et la nature dans leur corrélation comme source juridique valable pour tous. Saint Paul avait déjà fait ce choix quand, dans sa Lettre aux Romains, il affirmait: «Quand des païens privés de la Loi [la Torah d’Israël] accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, … ils se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience…» (2, 14s.). Ici apparaissent les deux concepts fondamentaux de nature et de conscience, où «conscience» n’est autre que le «cœur docile» de Salomon, la raison ouverte au langage de l’être. Si avec cela jusqu’à l’époque des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’Homme après la seconde guerre mondiale et jusqu’à la formation de notre Loi Fondamentale, la question des fondements de la législation semblait claire, un dramatique changement de la situation est arrivé au cours du dernier demi siècle. L’idée du droit naturel est considérée aujourd’hui comme une doctrine catholique plutôt singulière, sur laquelle il ne vaudrait pas la peine de discuter en dehors du milieu catholique, de sorte qu’on a presque honte d’en mentionner même seulement le terme. Je voudrais brièvement indiquer comment il se fait que cette situation se soit créée. Avant tout, la thèse selon laquelle entre l’être et le devoir être il y aurait un abîme insurmontable, est fondamentale. Du fait d’être ne pourrait pas découler un devoir, parce qu’il s’agirait de deux domaines absolument différents. La base de cette opinion est la conception positiviste, aujourd’hui presque généralement adoptée, de nature. Si on considère la nature – avec les paroles de Hans Kelsen – comme «un agrégat de données objectives, jointes les unes aux autres comme causes et effets», alors aucune indication qui soit en quelque manière de caractère éthique ne peut réellement en découler [4]. Une conception positiviste de la nature, qui entend la nature de façon purement fonctionnelle, comme les sciences naturelles la reconnaissent, ne peut créer aucun pont vers l’ethos et le droit, mais susciter de nouveau seulement des réponses fonctionnelles. La même chose, cependant, vaut aussi pour la raison dans une vision positiviste, qui chez beaucoup est considérée comme l’unique vision scientifique. Dans cette vision, ce qui n’est pas vérifiable ou falsifiable ne rentre pas dans le domaine de la raison au sens strict. C’est pourquoi l’ethos et la religion doivent être assignés au domaine du subjectif et tombent hors du domaine de la raison au sens strict du mot. Là où la domination exclusive de la raison positiviste est en vigueur – et cela est en grande partie le cas dans notre conscience publique – les sources classiques de connaissance de l’ethos et du droit sont mises hors jeu. C’est une situation dramatique qui nous intéresse tous et sur laquelle une discussion publique est nécessaire; une intention essentielle de ce discours est d’y inviter d’urgence.
Le concept positiviste de nature et de raison, la vision positiviste du monde est dans son ensemble une partie importante de la connaissance humaine et de la capacité humaine, à laquelle nous ne devons absolument pas renoncer. Mais elle-même dans son ensemble n’est pas une culture qui corresponde et soit suffisante au fait d’être homme dans toute son ampleur. Là ou la raison positiviste s’estime comme la seule culture suffisante, reléguant toutes les autres réalités culturelles à l’état de sous-culture, elle réduit l’homme, ou même, menace son humanité. Je le dis justement en vue de l’Europe, dans laquelle de vastes milieux cherchent à reconnaître seulement le positivisme comme culture commune et comme fondement commun pour la formation du droit, alors que toutes les autres convictions et les autres valeurs de notre culture sont réduites à l’état d’une sous-culture. Avec cela l’Europe se place, face aux autres cultures du monde, dans une condition de manque de culture et en même temps des courants extrémistes et radicaux sont suscités. La raison positiviste, qui se présente de façon exclusiviste et n’est pas en mesure de percevoir quelque chose au-delà de ce qui est fonctionnel, ressemble à des édifices de béton armé sans fenêtres, où nous nous donnons le climat et la lumière tout seuls et nous ne voulons plus recevoir ces deux choses du vaste monde de Dieu. Toutefois nous ne pouvons pas nous imaginer que dans ce monde auto-construit nous puisons en secret également aux «ressources» de Dieu, que nous transformons en ce que nous produisons. Il faut ouvrir à nouveau tout grand les fenêtres, nous devons voir de nouveau l’étendue du monde, le ciel et la terre et apprendre à utiliser tout cela de façon juste.
Mais comment cela se réalise-t-il? Comment trouvons-nous l’entrée dans l’étendue, dans l’ensemble? Comment la raison peut-elle retrouver sa grandeur sans glisser dans l’irrationnel? Comment la nature peut-elle apparaître de nouveau dans sa vraie profondeur, dans ses exigences et avec ses indications? Je rappelle un processus de la récente histoire politique, espérant ne pas être trop mal compris ni susciter trop de polémiques unilatérales. Je dirais que l’apparition du mouvement écologique dans la politique allemande à partir des années soixante-dix, bien que n’ayant peut-être pas ouvert tout grand les fenêtres, a toutefois été et demeure un cri qui aspire à l’air frais, un cri qui ne peut pas être ignoré ni être mis de côté, parce qu’on y entrevoit trop d’irrationalité. Des personnes jeunes s’étaient rendu compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans nos relations à la nature; que la matière n’est pas seulement un matériel pour notre faire, mais que la terre elle-même porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications. Il est clair que je ne fais pas ici de la propagande pour un parti politique déterminé – rien ne m’est plus étranger que cela. Quand, dans notre relation avec la réalité, il y a quelque chose qui ne va pas, alors nous devons tous réfléchir sérieusement sur l’ensemble et nous sommes tous renvoyés à la question des fondements de notre culture elle-même. Qu’il me soit permis de m’arrêter encore un moment sur ce point. L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. Je voudrais cependant aborder avec force un point qui aujourd’hui comme hier est –me semble-t-il- largement négligé: il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. L’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L’homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature, et sa volonté est juste quand il respecte la nature, l’écoute et quand il s’accepte lui-même pour ce qu’il est, et qu’il accepte qu’il ne s’est pas créé de soi. C’est justement ainsi et seulement ainsi que se réalise la véritable liberté humaine.
Revenons aux concepts fondamentaux de nature et de raison d’où nous étions partis. Le grand théoricien du positivisme juridique, Kelsen, à l’âge de 84 ans – en 1965 – abandonna le dualisme d’être et de devoir être. (Cela me console qu’avec 84 ans, on puisse encore penser correctement) Il avait dit auparavant que les normes peuvent découler seulement de la volonté. En conséquence, la nature pourrait renfermer en elle des normes seulement -ajouta-t-il- si une volonté avait mis en elle ces normes. D’autre part disait-il, cela présupposerait un Dieu créateur, dont la volonté s’est introduite dans la nature. «Discuter sur la vérité de cette foi est une chose absolument vaine», note-t-il à ce sujet [5]. L’est-ce vraiment? – voudrais-je demander. Est-ce vraiment privé de sens de réfléchir pour savoir si la raison objective qui se manifeste dans la nature ne suppose pas une Raison créatrice, un Creator Spiritus?
À ce point le patrimoine culturel de l’Europe devrait nous venir en aide. Sur la base de la conviction de l’existence d’un Dieu créateur se sont développées l’idée des droits de l’homme, l’idée d’égalité de tous les hommes devant la loi, la connaissance de l’inviolabilité de la dignité humaine en chaque personne et la conscience de la responsabilité des hommes pour leur agir. Ces connaissances de la raison constituent notre mémoire culturelle. L’ignorer ou la considérer comme simple passé serait une amputation de notre culture dans son ensemble et la priverait de son intégralité. La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – de la rencontre entre la foi au Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l’identité profonde de l’Europe. Dans la conscience de la responsabilité de l’homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la dignité inviolable de l’homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique.
Au jeune roi Salomon, au moment de son accession au pouvoir, une requête a été accordée. Qu’en serait-il si à nous, législateurs d’aujourd’hui, était concédé d’avancer une requête? Que demanderions-nous? Je pense qu’aujourd’hui aussi, en dernière analyse, nous ne pourrions pas désirer autre chose qu’un cœur docile – la capacité de distinguer le bien du mal et d’établir ainsi le vrai droit, de servir la justice et la paix. Je vous remercie pour votre attention.
[2] Contra Celsum GCS Orig. 428 (Koetschau); cfr A. Fürst, Monotheismuis und Monarchie. Zum Zusammenhang von Heil und Herrschaft in der Antike. In: Theol. Phil. 81 (2006) 321-338; citation p. 336; cfr également J. Ratzinger, Die Einheit der Nationen. Eine Vision der Kirchenväter (Sazburg-München 1971) 60.
[3] Cf. W. Waldstein, Ins Herz geschrieben. Das Naturrecht als Fundament einer menschlichen Gesellschaft (Augsburg 2010) 11ss; 31-61.
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